Résumé :
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L'Œdipe et les complexes œdipiens revisités : le tabou de l'inceste comme clef de l'universalité de la condition humaine.
L'Œdipe est généralement considéré tel un chemin que l'individu doit parcourir à travers les relations d'attachement érotisé envers ceux qui exercent une fonction maternelle ou paternelle. Ce point de vue a suscité une résistance qu'on peut considérer comme légitime, mais aussi une opposition stérile, quoique fort érudite parfois. L'auteur de cet article passe brièvement en revue l'abondante littérature consacrée à la question de l'Œdipe, en centrant son attention sur les résistances et les objections que celle-ci a soulevées (surtout, mais pas seulement, à l'extérieur du mouvement psychanalytique). L'auteur émet trois propositions. Premièrement, les discussions autour des variations individuelles et culturelles des structures familiales et des modèles de soins précoces entravent notre compréhension des fondements de l'Œdipe. Par conséquent, nous devons établir une distinction entre la métapsychologie de l'Œdipe comme quelque chose d'universel et d'essentiel à la formation de la psyché humaine et la diversité des « complexes œdipiens » qui dépendent des variations des expériences précoces. Deuxièmement, il nous faut mettre davantage l'accent sur le processus de « rencontre » de l'individu avec le tabou de l'inceste que sur le contenu des relations dans l'enfance, comme en attestent l'ethnographie et la linguistique structurale. Troisièmement, l'articulation de l'Œdipe par Freud n'était pas seulement une découverte empirique clinique, mais découlait de la mise à jour par lui de la pratique de la libre association qui reposait sur le principe cardinal du refoulement comme résistance. Dans un sens fondamental, la « barrière du refoulement » devrait être considérée comme l'inscription intrapsychique du tabou de l'inceste et une caractéristique universelle clef de notre humanité.
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