Résumé :
|
Dans son article « De la communication et de la non-communication suivi d’une étude de certains contraires », Winnicott avance une idée radicale : communiquer avec des objets subjectifs est une communication en cul-de-sac (une communication qui n’est adressée ni à un objet externe, ni à un objet interne) mais qui, malgré tout, dote toute expérience de la qualité d’être « éprouvée comme réelle ». Le point essentiel de son article est que « chaque individu est un élément isolé en état de non-communication permanente, toujours inconnu, jamais découvert en fait ». A ce « point essentiel », j’ajouterais un aspect que je décrirais ainsi : chaque individu a, à parts égales, besoin d’être trouvé (reconnu mais pas exposé) et besoin de ne pas être trouvé (un îlot d’incommunicado [3]). Winnicott nous met garde. Au moment où l’analyste a atteint les couches profondes de la personnalité, l’interprétation peut introduire, de manière destructive, une part de « non-moi » trop près du noyau du self, il s’ensuit que « l’analyste ferait mieux d’attendre ». Une question sans réponse se pose alors : que fait l’analyste quand il reste silencieux ? Je réponds à cette question avec des exemples cliniques issus de ma pratique. Dans son effort de communiquer quelque chose du mystère d’exister qui est « absolument personnel », Winnicott termine son article en utilisant un langage poétique. À mon avis, Winnicott transforme la prose en poésie pour traduire quelque chose du mystère d’exister.
|