Résumé :
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L’expérience traumatique s’avère caractérisée par l’« indicibilité » : point de mot pour réellement exprimer, pour traduire, pour se représenter l’horreur traversée. Et pourtant, paradoxalement, l’accès principal à notre connaissance de la dissociation traumatique provient de ce que les patients arrivent à nous en dire ne serait-ce que partiellement, chaotiquement… Les empreintes lexicales, syntaxiques et pragmatiques du trauma dans le discours, que nous avons baptisées syndrome psycholinguistique traumatique (SPLIT), s’expriment selon une dissociation automatico-volontaire prenant forme graduelle : plus le trauma apparaît présent et plus les stigmates psycholinguistiques se manifestent ; plus le sujet s’éloigne psychiquement du trauma et de ses conséquences, plus le discours regagne l’état nominal. Comment le sujet peut-il redevenir maître de sa propre vie, de sa propre parole, sans que le trauma ne la contraigne ? Comment le sujet arrive-t-il parfois, seul ou avec l’aide d’autrui, à s’extraire de ses reviviscences par la narrativisation de la scène traumatique ? Ces espaces de retour au « je » n’ont jamais été étudiés en langue française dans le discours de patients souffrant de trouble de stress post-traumatique. Outre la forme linguistique « je », quelles sont les autres formes utilisées (personnelles, exclusives, inclusives, génériques) par les locuteurs de récits traumatiques dans leurs discours afin de faire référence à eux-mêmes ?
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