Résumé :
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Le « débriefing » après confrontation à un événement potentiellement psychotraumatique, notamment organisé par les cellules d’urgence médico-psychologique en France, a pu faire couler beaucoup d’encre entre ceux qui l’adulent ou ceux qui le honnissent, autant dans la presse spécialisée que dans les médias destinés au grand public. Pratique indispensable visant à traiter les blessures psychiques pour les uns, charlatanerie pourvoyeuse d’aggravation des symptômes post-traumatiques pour d’autres, les recommandations médico-psychologiques sont longtemps restées sibyllines devant l’absence d’études de niveau de scientificité suffisant. Aussi, de nombreux praticiens ont pu confondre les deux grandes versions du débriefing alors que la théorie sur laquelle s’est développée le debriefing de Mitchell dans le monde anglo-saxon a été exposée comme divergente, voire opposée, à celle ayant vu naître le « débriefing francophone ». Mais trente ans après sa naissance, aucune étude n’a proposé une synthèse critique de la notion de « débriefing francophone » ! Ce vide semble renvoyer à l’indicibilité constitutive, puis symptomatique du traumatisme psychique, indicibilité qui avait pourtant justement justifié l’organisation des soins allant au-devant d’une demande impossible à formuler par les personnes blessées psychiques, afin de significativement améliorer leur pronostic médico-psychologique dans la durée. Au regard de ces éléments, nous nous proposons d’étudier le discours spécialisé concernant le « débriefing francophone » tel que défini et relayé par les psychiatres et psychologues afin d’identifier les étapes de la construction de ce temps de soins, la maturation de sa pratique et la théorisation de ses mécanismes thérapeutiques.
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