Resumen:
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Les centres d’observation français, des institutions chargées d’assister les juges des enfants dans leurs décisions par une étude scientifique des personnalités et des actes déviants des jeunes traduits en justice, ont accueilli des nombreuses victimes du second conflit mondial dans les années 1940 et 1950. Dans ce « tout-observation » des rapports présents dans les dossiers de Savigny-sur-Orge et Chevilly-Larue, bien que la guerre soit omniprésente, elle est souvent ignorée ou laissée au second plan par les experts « psy », même dans les cas extrêmes où des situations traumatiques seraient facilement repérables. C’est à travers l’analyse de la trajectoire de quatre adolescents (Micheline, une jeune fille juive qui fait des cauchemars avec son père en train d’être fusillé; Alfred, un jeune d’origine hongroise marqué par le viol de sa grand-mère et de sa belle-mère par l’Armée Rouge; Libertad, double orpheline de la Guerre d’Espagne et de sa famille d’adoption en France; et Gustave, adolescent tzigane, le seul survivant d’une fratrie assassinée à Auschwitz), que les maillons d’une expertise plutôt moralisante qui se voulait scientifique se font dévoiler. Malgré les bilans alarmants de l’après-guerre sur la situation des enfants victimes du conflit, les sciences du psychisme paraissent nier l’existence d’une psychopathologie spécifique pour renforcer des visions stéréotypées liées aux origines ethniques, sociales et de genre des mineur.e.s, reprenant une caractériologie déjà usée de l’entre-deux-guerres.
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