Résumé :
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Dans le Guide des égarés, Maïmonide offre une interprétation de Moïse comme figure politique, malgré les réticences des maîtres de la tradition rabbinique craignant qu'une telle interprétation n'entraîne une réduction de la Torah à un dispositif politique comme un autre. Mais Maïmonide invente ce faisant un concept radicalement nouveau de politique et de vérité. Il noue en Moïse le domaine de la theoria et celui de la praxis. Au Sinaï, la saisie purement intellectuelle de la prophétie de Moïse, qui est son caractère propre et exceptionnel, s'effectue dans la fondation d'Israël par le don de la Torah, et réciproquement, la Torah constitue le déploiement normatif de l'intelligence humaine. Mais aucun des successeurs de Maïmonide n'ont fait leur cette conception singulière. Les premiers, redoutant une désabsolutisation de la Torah, devenue l'expression même de la rationalité des hommes, posent qu'elle relève d'un idéal incompatible avec toute politique effective. Les seconds voient dans la position maïmonidienne l'ouverture vers une dévaluation de la praxis, la politique étant envisagée seulement comme une condition à l'existence contemplative des hommes parfaits.
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