Résumé :
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Le pli a toujours existé dans les arts ; mais le propre du Baroque est de porter le pli à l’infini. Si la philosophie de Leibniz est baroque par excellence, c’est parce que tout se plie, se déplie, se replie. Sa thèse la plus célèbre est celle de l’âme comme “ monade ” sans porte ni fenêtre, qui tire d’un sombre fond toutes ses perceptions claires : elle ne peut se confondre que par analogie avec l’intérieur d’une chapelle baroque, de marbre noir, où la lumière n’arrive que par des ouvertures imperceptibles à l’observateur du dedans ; aussi l’âme est-elle pleine de plis obscurs. Pour découvrir un néo-baroque moderne, il suffit de suivre l’histoire du pli infini dans tous les arts : “ pli selon pli ”, avec la poésie de Mallarmé et le roman de Proust, mais aussi l’œuvre de Michaux, la musique de Boulez, la peinture de Hantaï. Et ce néo-leibnizianisme n’a cessé d’inspirer la philosophie.
“ Qu’est-ce que ça veut dire, le tissu de l’âme ? ” ; ainsi commence ce cours, des années 1986-1987 consacrées à Leibniz. Pour illustrer cette question, Gilles Deleuze prend un exemple très simple, très concret, extrait du livre II des Nouveaux Essais sur l’Entendement : Je travaille, mais j’ai envie d’aller à la taverne. Et, pour faire comprendre ce dilemme de l’acte livre, Deleuze se sert d’une extraordinaire théorie de G. W. Leibniz sur la damnation. Ici les surprises philosophiques se suivent et s’enchaînent. À la manière d’une étoffe qu’on déploierait pli à pli.
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