Résumé :
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"Antigone à l'asile d'aliénés". Remarques sur le souvenir des crimes de la psychiatrie nazie.
La façon dont les crimes de la psychiatrie nazie ont été ignorés dans les premières décennies de l'après-guerre amène à se demander comment considérer le souvenir et la commémoration. Le souvenir, la commémoration et la conscience sont dans une relation dynamique les uns par rapport aux autres : selon la perspective choisie, celle de la victime ou celle de l'auteur, ce dont on se souvient, ce qui est resté dans les mémoires et ce qui est devenu conscient ou a dû rester inconscient varie fortement. Le narratif sur les auteurs et les victimes qui a prévalu chez les psychiatres allemands de l'après-guerre niait cette réalité dérangeante : la complaisance de la science, de l'institution et des individus envers un régime criminel. Cette culture spécifique du souvenir montre que se souvenir et commémorer sont des constructions actuelles à propos du passé et sont façonnés par le présent du narrateur. Une représentation d'"Antigone" dans l'asile psychiatrique d'Erlangen en 1946 sert de cadre pour examiner à un autre niveau les questions éthiques que pose le souvenir des crimes de la psychiatrie nazie.
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