Type de document : | Article : texte imprimé |
Titre : | Épistémologie psychanalytique : une épistémologie aux frontières (2021) |
Auteurs : | / Manuella DE LUCA / Estelle LOUËT |
Dans : | Évolution Psychiatrique (vol. 86, n° 3, 2021) |
Article en page(s) : | pp. 553-572 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Épistémologie ; Métapsychologie ; Recherche en psychanalyse |
Résumé : |
Objectif : la psychanalyse comme l’épistémologie posent de multiples questions, suscitent débats et polémiques vives. Sans vouloir reprendre le débat déjà ancien sur la nature scientifique de la psychanalyse, nous souhaitons interroger sa place dans une épistémologie contemporaine, plus épistémologie de la recherche que de la science. Nous proposons de penser l’épistémologie psychanalytique aux frontières – entre théorie et clinique, recherche et pratique de la cure mais aussi avec d’autres disciplines hybrides comme la psychiatrie.
Méthode : à partir du constat que les progrès dans les sciences comme la physique ont fait renoncer à l’illusion d’une théorie universelle de la connaissance et fait voler en éclat l’affirmation d’une unicité de la conception de l’épistémologie, nous étudions les spécificités de l’épistémologie psychanalytique, ainsi que les conceptions actuelles de l’épistémologie dans le domaine des sciences, de la recherche et de l’évaluation. Nous nous intéressons à la métapsychologie comme épistémologie freudienne ainsi qu’à ses limites et les critiques qu’elle suscite. Résultat : la psychanalyse porte une forme spécifique de savoir basée sur l’hypothèse de l’inconscient. Elle est un objet hybride avec une causalité hypercomplexe qui mêle nature, culture et clinique. Penser son épistémologie s’inscrit dans une logique processuelle de la notion d’obstacle épistémologique plus que d’impasse épistémologique. La vivance de l’épistémologie psychanalytique repose à la fois sur sa capacité à se confronter à la clinique et aux progrès des autres sciences comme les sciences du chaos ouvrant à des causalités non linéaires et à prendre en compte les structures dissipatives. L’épistémologie de la recherche en psychanalyse nécessite de proposer des compromis mais ouvre à un travail de frontière et à mettre au travail un écart métapsycho-épistémologique. Discussion : la possibilité d’une épistémologie psychanalytique ne fait pas l’unanimité. Des remises en question concernant le statut scientifique de la psychanalyse dont les plus notoires sont celles de K. Popper autour de ses propositions sur les critères de scientificité, propositions réfutées par des épistémologues des sciences physiques. L’absence d’unicité des modèles scientifiques rend caduque du point de vue épistémologique, le recours exclusif au modèle expérimental fondé sur le triptyque observation, hypothèses, vérification. La spécificité épistémologique tient à sa méthode qui articule théorie des processus inconscients et clinique du transfert, ce qui fait d’elle une épistémologie régionale. L’épistémologie de la psychanalyse se situe aux confins du naturel et du culturel, de l’individuel et de l’intersubjectif, de la science et de la fiction, de l’herméneutique et de la phénoménologie, de la clinique et de la recherche. Ses frontières multiples sont en fonction des époques et des choix théoriques plus ou moins ouvertes voire poreuses, plus ou moins fermées voire infranchissables. Conclusion : les enjeux épistémologiques de la psychanalyse sont le reflet de l’évolution contemporaine d’une épistémologie des sciences à une épistémologie de la recherche et donc de l’évaluation. La nature hypercomplexe de la psyché humaine et des faits psychiques rend inadéquate la transposition de modèles épistémiques appartenant à d’autres sciences. La position aux frontières de l’épistémologie psychanalytique ne peut se limiter à une forme d’originalité causaliste et théorique, elle prend d’abord et avant tout racine dans la spécificité de sa méthode elle-même aux frontières entre pratique et théorie. La part processuelle de la psychanalyse comme théorie mais aussi comme thérapeutique est essentielle et ouvre ainsi à un questionnement sur la transmission, de l’épistémologie de la psychanalyse dans le champ des recherches, dans les sciences dans leur globalité. Le pari d’une transmissibilité de l’épistémologie de la psychanalyse reste une gageure mais la penser comme dialogue, c’est-à-dire confrontation et ouverture avec d’autres disciplines, nous apparaît comme nécessaire dans une mise en tension entre compromis et travail de frontière. |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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20020950 | K04-4 | Revue | BSF Paris | ψ Réserve : Périodiques | Consultation sur place |