Résumé :
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À partir d’une clinique effectuée en centre d’hébergement d’urgence pour migrants, nous tenterons de saisir les enjeux psychiques de la réclusion dans le parcours migratoire et son après-coup : avant le départ, dans des régimes liberticides (Soudan, Tchad, Guinée) où ces personnes sont considérées par les pouvoirs en place comme potentiellement subversives ou appartenant à une ethnie proche de l’opposition ; dans les pays traversés, notamment la Libye, où la réclusion participe à un système de valeurs inversées où des groupes armés esclavagisent des migrants noirs après les avoir enfermés, torturés et mis aux enchères ; la France où en situation irrégulière, ils se retrouvent en centre de rétention administrative en vue de leur expulsion vers le premier pays d’Europe où ils ont été forcés de déposer leurs empreintes ou leur pays d’origine. Des vignettes cliniques, représentatives dans leur singularité de problématiques subjectives rencontrant des réponses collectives, permettent d’appréhender le vécu carcéral, entre traumatismes passés et présents, de questionner le processus thérapeutique dans des conditions où la réclusion et l’expulsion menacent sa poursuite, et de réfléchir sur l’impact des pratiques de confinement et d’ostracisation sur les acteurs aux niveaux individuel et groupal.
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