Résumé :
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Dans les contextes humanitaires, en particulier lors des situations de conflits, une large partie de la population est exposée à des évènements traumatiques. La prise en charge des personnes traumatisées peut s’avérer difficile quand les patients montrent des difficultés à verbaliser leur souffrance, que ce soit du fait des spécificités culturelles et contextuelles, ou de la sidération psychique lorsque les événements traumatiques débouchent sur un état de stress post-traumatique. Nous présenterons un dispositif de prise en charge groupale pour adultes, proposé par l’ONG Action contre la Faim dans trois pays d’Afrique Centrale: le Tchad, la Centrafrique et la République Démocratique du Congo. Dans le cadre de ce dispositif, l’outil « dessin » a été introduit comme une médiation thérapeutique pour faciliter la capacité de symbolisation et d’élaboration du vécu traumatique. Malgré quelques hésitations initiales d’utiliser un moyen d’usage peu courant chez les habitants des zones rurales, nous avons constaté que les patients pouvaient s’approprier cette forme de médiation pour s’exprimer de façon moins douloureuse que par la mise en mots. Grâce au « dessin » ils ont pu accéder plus facilement aux souvenirs douloureux, ritualiser les processus de deuil, partager avec le groupe l’indicible dans un processus individuel et collectif, qui s’est avéré fondamentale dans la dynamique d’élaboration du deuil et de réparation de l’effraction traumatique.
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