Résumé :
|
De nombreux débats et prises de position publiques ont pour sujet les jeunes femmes des quartiers populaires, leurs rapports à la domination masculine, aux risques d’embrigadement dans des dynamiques sectaires religieuses. Ainsi le port du voile est devenu un enjeu significatif de ces dynamiques. Dans cet entretien avec Olivier Douville, psychanalyste, anthropologue nous menons un dialogue, en référence à nos travaux de recherche à l’écoute des jeunes des quartiers populaires, depuis une trentaine d’années. Ainsi nous visons à situer ces dynamiques vécues par ces jeunes femmes au croisement de la dynamique socio historique de ces quartiers à la fois post coloniaux et post ouvriers et des singularités vécues aujourd’hui par elles pour devenir des femmes. Grandir et s’affirmer comme femme lorsque l’on habite dans les quartiers populaires urbains confrontent ces jeunes filles au risque de la précarité sociale et économique, à la stigmatisation et au racisme, souvent à la mort de jeunes hommes. Ceci supposent de leur part des modes d’adaptation et des stratégies qui ne sont pas mis en œuvre dans d’autres milieux sociaux. Ces jeunes filles s’appuient alors sur les cultures et les solidarités locales entre jeunes, sur les liens et les cultures locales des adultes avec lesquelles elles vivent et sur les repères communs à la société française. Pour rendre compte de cette complexité, nous proposons des idéaux types qui permettent de différencier leurs cheminements pour se reconnaître comme femme et qui ouvrent différentes perspectives d’accueil et d’accompagnement de ces jeunes femmes en lien avec les jeunes hommes et plus généralement leurs communautés de vie.
|