Résumé :
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L’interruption d’une grossesse du fait d’une fausse couche précoce, c’est-à-dire avant quatorze semaines d’aménorrhée, concerne en moyenne entre 12 et 24 % des grossesses (Carter, Misri, Tomfohr, 2007), c’est-à-dire environ 200 000 femmes chaque année en France. Les fausses couches précoces sont l’une des complications les plus fréquentes, mais aussi normales, d’un point de vue médical, de la grossesse. Du fait de sa fréquence et du stade auquel s’interrompt la grossesse (1er trimestre), les fausses couches précoces ont tendance à être banalisées. Pour autant, pour les femmes et les couples qui le vivent, la fausse couche n’est pas un aléa normal de la grossesse, mais devient un fait particulier au sein de leur histoire de vie, qui colore de différentes tonalités leur histoire des maternités. La réalité psychique de cet événement ne peut donc qu’être individuelle.
La fausse couche ébranle le processus de la conception, conception signifiant, étymologiquement, contenir l’enfant à venir en le représentant par la pensée et en le formant biologiquement (Missonnier, 2009). Lors de la fausse couche, l’embryon doit se séparer de la matrice utérine soit de manière naturelle soit par le recours à une intervention médicale. Pour notre part, il nous a semblé que la fausse couche était synonyme d’un arrachement assez énigmatique pour les personnes qui le vivent. Ce travail de recherche se propose d’étudier la manière dont est vécue la grossesse à la suite d’une fausse couche précoce, chez des femmes et des couples déjà parents avant l’épisode de la fausse couche.
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