Résumé :
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L’évaluation du handicap psychique pose des difficultés. Évaluer les besoins et non pas une incapacité, prendre en compte le point de vue de l’usager et les spécificités de son environnement sont des changements difficiles à mettre en place dans le cadre de la routine. Nous tentons de clarifier les embarras rencontés dans l’évaluation des situations de handicap en suivant deux questions : 1/ Est-ce que la psychiatrie, comme les autres disciplines médicales, produit-elle du handicap et comment ? 2/ Les mesures de compensation du handicap psychique renforcent-elles des processus d’aliénation mentale ? Nous pratiquons une revue de la littérature, une recherche de données quantitatives et une compilation de situations cliniques significatives issue de la pratique de certains auteurs de l’article. Plusieurs facteurs nous semblent augmenter l’éligibilité de personnes aux prestations liées au handicap psychique : le « principe de ne pas nuire au patient » justifiant par exemple la reconduite automatique de certaine prestation. ; l’absence de débat contradictoire sur un diagnostic médical ambigu pour l’évaluateur ; l’apparition de la souffrance psychique « auto-référencée » comme motif de compensation. La prise en compte du point de vue de l’usager, la manière dont il envisage sa situation de handicap et la singularité réflexive qu’il présente nous semble être les conditions pour que les prestations compensant le handicap psychique ne renforcent pas une situation d’aliénation mentale.
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