Résumé :
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À la jonction de nos approches respectives (la littérature comparée et la psychanalyse), nous nous intéressons à un cas de (non)traduction : la « sensation océanique » exprimée par un écrivain français, Romain Rolland, et sa réception active par Freud qui semble tout à la fois la reprendre et ne pas bien savoir qu’en faire – comme s’il ne pouvait pas cesser de ne pas comprendre ce dont il s’agit. Ce cas offre l’occasion de troquer la représentation de la traduction comme passage d’une langue de départ vers une langue d’arrivée pour l’envisager comme rapport dont le ressort principal n’est pas la communication, mais le malentendu. Loin de déplorer une déperdition dans cette transformation, nous envisageons l’acte de traduire comme une invitation à porter attention à ce qui se joue dans l’ébranlement d’un discours lorsqu’il se trouve réénoncé ailleurs, autrement. Ce changement de paradigme, qui suppose de dépasser toute une série d’oppositions binaires (libre/fidèle, source/cible) interroge aussi la constitution du sujet : l’océanique est un non-dualisme.
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