Résumé :
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Cet article pose la question de la place du désir dans les approches centrées sur les troubles de l’humeur. Reprenant la problématique désirante, nous essayons de montrer ce qui spécifie le désir du névrosé et comment le parcours analytique va permettre au sujet de trouver les voies de l’objet véritable qui fonde son être. Pour approfondir cette question, nous revenons à la tragédie d’Hamlet avec le commentaire que Lacan en a proposé dans son séminaire Le désir et son interprétation. Hamlet se présente comme un miroir qui exemplifie la tragédie du désir. L’obstacle œdipien, l’interdit du père, la voracité maternelle, vectorisent une position subjective aliénée qui ne pourra trouver sa solution que dans un passage à l’acte dans le même temps auto et hétéro-agressif. La façon dont le désir sera rectifié, passant par la reconnaissance du manque au champ de l’Autre, met l’accent sur la nécessité d’un deuil comme renoncement à la jouissance, ouvrant à une éthique du désir. Celle-ci identifie l’angoisse comme seul affect qui ne trompe pas, a contrario de la lâcheté morale qu’implique la dépression et situant du même coup la « bipolarité » comme refus de savoir. Ce qui est à savoir concerne le deuil du phallus d’où le sujet s’est fait être dans le désir de la mère, deuil du phallus qui permet l’assomption de son être-pour-la-mort là où dominait la lâcheté morale.
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