Résumé :
|
La conception des variations de l’humeur, des renversements des affects en terme de bipolarité procéderait-elle de la résistance individuelle et collective à ce que, à la suite de Freud, on nomme le sexuel infantile ? Se spécifiant athéorique la notion de « trouble bipolaire » promeut pourtant intrinsèquement un idéal de constance et de pérennité qui donne à entendre la dénégation des questions relatives à la perte de l’objet et son traitement par la psyché. Considérant avec J. Laplanche que la pensée psychanalytique progresse, entre autre, par banalisations et réaffirmations, l’auteur explore ce que la logique bipolaire implique de résistance aux désirs d’inceste et de meurtre aux origines de la pensée. La notion de sexuel infantile est ainsi précisée et replacée dans l’évolution de la connaissance psychanalytique et ses propres mouvements de refoulement. Un retour sur la métapsychologie freudienne relative aux problématiques de perte objectale permet d’attester son statut foncier. L’incidence du narcissisme et du masochisme, ainsi qu’une hypothèse sur l’implication d’une dimension incestueuse dans les situations mélancoliques sont envisagées. Distants de quelques années, deux temps de la cure d’une patiente qui répondrait aux critères diagnostics des « troubles bipolaires », viennent témoigner de la mobilisation possible du lien mélancolique à l’objet perdu.
|