Résumé :
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La notion clinique d’alexithymie désigne littéralement l’absence de mot pour l’expression de l’humeur (a-lexis-thymie). Elle est composée de quatre traits : 1. l’incapacité à exprimer verbalement les émotions ou les sentiments, 2. la limitation de la vie imaginaire, 3. la tendance à recourir à l’action pour éviter ou résoudre les conflits, 4. la description détaillée des faits, des événements, des symptômes physiques. Il est évident que cette notion recoupe certains processus de la pensée opératoire développée par l’École de Paris dans ces travaux sur les phénomènes psycho-somatiques. Si certaines recherches proposent une étiologie neuropsychologique de l’alexithymie, cet article montre les limites d’une telle approche et propose de confronter les hypothèses psychanalytiques sur le fonctionnement alexithymique comme le résultat d’une carence ou la mise en œuvre d’un type défensif. L’idiosyncrasie affective en jeu dans ces processus ouvre la question de savoir si l’absence d’affects peut être impliquée dans des modalités défensives. Un repérage théorique sur l’inscription du corps dans les lignes du langage et les fondements de la subjectivité sera nécessaire pour éclairer la complexité des potentialités psycho-somatiques. Enfin, nous développerons certaines implications contemporaines de ces travaux, notamment dans la clinique de l’obésité.
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