Résumé :
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La rencontre avec les modalités langagières gestuelles des Sourds bouleverse profondément le montage même de la pulsion invocante pour ceux qui ont grandi près des berges du sonore. Certes, « l’interprète-usurpateur » de la cérémonie d’hommages à Nelson Mandela nous enseigne de manière paradigmatique sur la puissance de ces figures du démenti qui mettent traditionnellement au rebut ces modalités de prises de parole. De manière bien plus féconde, ce sont de tout autres voies qui se fraient notamment avec Robert Wilson en rencontre avec Raymond Andrews, avec le réalisateur Ramadam Suleman dans son film Zulu Love Letter et son actrice Sourde signante Mangi. Ce que ces artistes font entendre dans leurs créations ouvre nos yeux à ces trajets de la lettre d’ordinaire si négligés. Ils font ainsi écho à ce qu’une clinique psychanalytique pousse à reconnaître. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, le retour à la Verleugnung ainsi qu’à sa portée dans le collectif – qui concerne aussi d’ailleurs directement l’invention (et la réinvention) même de la psychanalyse – peut s’avérer précieux pour examiner la dynamique des communautés de déni et les possibles mises en lettres de leurs rebuts.
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