Résumé :
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Cet article fait appel à la notion clinique de trauma comme critère historiographique pour comprendre la modernité et ses mythologies. Si la réécriture du syntagme « trauma » – au croisement entre psychanalyse et neurobiologie, anthropologie culturelle et philosophie de l’esprit – est la signature de la contemporaneité, il est tout à fait légitime de concevoir la Shoah comme une césure radicale, historique et épistémologique. Jamais auparavant n’avait été projeté et réalisé un système bureaucratico-industriel à ce point efficace pour la dévastation de l’idée même d’humanité. Auschwitz a été, dans ses modalités les plus radicales, l’espace liminal entre humain et non-humain. C’est précisément à l’extrême bord de l’abysse que le bourreau partage avec sa victime l’annihilation de l’humanité. Cette étude rencontre donc une question qui marque depuis toujours la construction sociale de la subjectivité : le périmètre de l’humain et les relations entre identité, altérité et reconnaissance.
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