Résumé :
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Si le cinéma véhicule les codes culturels d’une société, il revêt une valeur heuristique pour représenter les phénomènes psychologiques. Il permet de montrer l’éveil pulsionnel et la sensualité de manière métaphorique et efficace, difficilement représentable autrement. Quelles relations les adolescents sourds ont-ils avec le cinéma ? Il n’est pas certain qu’ils s’y retrouvent, disposant encore de peu de supports identificatoires ou de personnages discernables. On ne saurait cependant ni en décider, ni les assigner à la catégorie du handicap, car le devenir-sujet doit emprunter des voies à chacun singulières. La surdité du fait de ses particularités oblige à la considérer autrement que sous le seul abord déficitaire, puisque le handicap peut trouver des voies de dépassement originales qu’offrent la langue des signes ou des modalités inédites à construire individuellement et collectivement. Elle interroge fondamentalement les catégories de la pensée, la transparence des discours, l’implicite au cœur des langues, la langue maternelle qui n’est pas une mais plurielle, les racines sémiotiques autant que symboliques du langage. Nous avancerons l’idée, par analogie avec le scénario de Babel, que la problématique de la surdité, au-delà de sa spécificité, est capable de produire une onde de choc dans nos représentations sociales et dans la pratique analytique.
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