Résumé :
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La psychanalyse a traité des processus psychiques à l’œuvre chez les instigateurs de guerre, mais elle a rarement étudié ses aspects de genre, en dépit du fait que la guerre est manifestement un phénomène de genre. Les théories féministes soulignent les aspects ambivalents de la pensée féminine et la peur du féminin.
Cet article examine à travers une perspective de genre la question de Freud « Pourquoi la guerre ? », en relation avec la question « Pourquoi Œdipe ? » formulée par Bollas. Je propose l’idée que la compréhension de la réalité psychique de la guerre et de son empêchement suggère de considérer le modèle œdipien comme une intériorisation des relations de genre dans lesquelles la mère/Jocaste représente la multiplicité, tandis que le père/Laïos représente l’unicité/l’absolu. La prédisposition à la guerre s’explique par une relation œdipienne triangulaire où la femme/mère est intériorisée comme étant soumise au père/homme et le féminin est réduit au silence. Pour argumenter mon propos, j’examine les représentations féminines des produits culturels qui suivent une guerre. Une nouvelle de Brecht et le film d’Adler Bethlehem (2013) montreront la perception de la traîtrise féminine ; le film de Villeneuve Incendies (2010), décrivant la guerre vue par une femme dans un espace patriarcal, fournira une plus large plateforme pour la lecture du mythe œdipien. Je suggère que Villeneuve présente une position éthique, la réparation de Jocaste, en tant que voix représentative du chaos interne et de son endiguement. Dans ce contexte, il se peut que le « Terrifiant » décrit par Fornari (1974) soit en fait ce même chaos intérieur révélé à Œdipe (selon Bollas). Examiner l’appel pour la paix est particulièrement pertinent en Israël, toujours au bord de la guerre. Je soutiens que l’appel à la paix en Israël est perçu comme féminin et j’affirme que la double perception du féminin et les anxiétés qu’il évoque sont pertinentes pour comprendre la difficulté du défi psychologique de la paix, lequel n’est pas moins intimidant que la guerre.
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