Resumen:
|
Une enquête clinique de plusieurs années à l’écoute de personnes ayant connu une catastrophe humanitaire (guerre, massacre, exode, notamment) et de certains de leurs descendants a permis à l’auteur de mettre en évidence une défense psychique particulière qu’il nomme « étrangéisation ». Entre refoulement et déni, l’étrangéisation correspond à un acte psychique qui vise à rendre étrangers – à un sujet ou à une communauté – les perceptions, les affects et les représentations provoquées par le désastre. La relation au temps est alors bouleversée et la mémoire attaquée, du fait d’un effacement des traces de la calamité. Exclue de la vie psychique, la mémoire réelle du cataclysme est encapsulée dans un monument matériel ou idéologique, qui joue le rôle d’un mémorial officiel, acceptable pour la collectivité, gardant intacts les souvenirs maudits tout en les éloignant de la conscience. L’approche proposée essaie de mettre en lumière les phénomènes de repli communautaire, en articulant la calamité vécue individuellement avec sa tentative de métabolisation par le groupe, engendrant aux niveaux subjectif et groupal une « solidarité » dans l’exclusion.
|