Résumé :
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Le psychanalyste entendant qui reçoit un enfant sourd est confronté à une expérience déroutante, car la surdité le touche dans des zones psychiques et physiques inhabituelles, et parfois inconnues. La surdité de l’un rend l’autre sourd. Elle constitue, en ce sens, un handicap partagé, mutuel. L’analyste va donc devoir repérer les effets de cette surdité en lui-même. Une élaboration particulièrement fine de son contre-transfert lui sera nécessaire pour explorer ce monde très différent du sien (rapport au corps, au silence, au mouvement, aux langues…) qui bouscule sa psyché. La pratique de la langue des signes, la connaissance des représentations de la surdité et des sourds à travers les âges, ainsi que des violences qui leur furent faites, lui seront également utiles dans la compréhension des fantasmes et des peurs encore à l’œuvre dans les relations entre sourds et entendants. Les violences d’effacement du xxe siècle envers les sourds (stérilisation, avortement, mises à mort…) résonnent avec la quasi-interdiction de la langue des signes au siècle précédent, et laissent des traces psychiques à repérer et à décrypter dans les cures.
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