Résumé :
|
À la question « En quoi et comment la lettre « fait-elle » l’amour ? », les lettres de Freud à Fliess apportent un éclairage qui fait défaut aux travaux littéraires, concentrés sur l’énoncé des correspondances. L’érotisation de l’énonciation, et la sublimation qui va de pair, tient à la dimension de parole propre aux lettres et à la spécificité du dispositif épistolaire dont la latéralité renvoie à celle du Nebenmensch dont traite le « Projet d’une psychologie », rédigé pour Fliess selon les termes de Freud. L’adresse de la lettre d’amour revêt un caractère d’autant plus spectral lorsque l’autre ne répond plus. De lettre en lettre de Freud, sont reparcourues les différentes étapes du besoin, de la demande et du désir qui ont marqué l’accession de tout sujet au symbolique jusqu’au désengagement de la figure de l’autre idéalisé par lequel il fallut passer pour accéder à une parole singulière, ici L’interprétation du rêve. Et la correspondance amoureuse de connaître un nouveau tournant jusqu’à son tarissement. De ces éléments retirés de la lecture des lettres à Fliess, l’auteure soutient qu’il s’agit bien de lettres d’amour et non pas d’une amitié passionnée.
|