Abstract:
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Cet article part d’une expérience artistique : l’art du fado, expression du sentiment lusitanien de la saudade. Distinguant à la suite de Lévinas la totalité qui vise la perfection et l’infini que rien ne peut résorber, l’auteur se trouve confronté chemin faisant à un paradoxe : l’affirmation superlative de l’infini – le plus grand que le plus grand (l’illimité), le plus beau que le plus beau (le sublime) – appellerait pour pouvoir être pensée le détour de la négation. La « théologie négative », la démarche de Manzini, qui publie à l’époque de la Renaissance un ouvrage qui a pour titre Le Néant, rejoignent étrangement les notions chinoises de wu et japonaise de mu (vide) dans un processus de dé-saisissement de l’absolu du sens. Elles estiment que pour tenter d’approcher le plus, il convient d’avoir recours au moins et au rien. Si le rapport à l’infini résiste à être dit dans des propositions logiques, il peut néanmoins être montré et c’est cette tension entre dire et montrer, mise en évidence par Wittgenstein, qui est réinterrogée. L’infini met le langage en déroute mais peut aussi le remettre au travail.
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