Résumé :
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La considération de la nature mutuelle inhérente à la rencontre analytique a amené Ferenczi, et nombre de ceux qui l’ont suivi, à explorer la valeur de l’ouverture mutuelle entre le patient et l’analyste. Ferenczi voyait précisément dans cette ouverture de l’analyste l’antidote au déni de ses propres erreurs et de son ambivalence envers le patient, déni défensif qui venait ainsi miner la confiance de ce dernier. De mon point de vue : même si l’ouverture de l’analyste à l’égard du patient peut effectivement aider à restaurer la confiance et à rétablir un processus d’analyse productif à court terme, à long terme, cela ne va pas sans danger. Dans certains traitements, cette ouverture peut encourager une « régression maligne » (Balint) où le patient cherche avant tout à obtenir de l’analyste une satisfaction, ce qui l’entraîne dans « une spirale sans fin d’exigences et de besoins ». Je dirais que « les aveux » d’un analyste en réponse au patient qui lui demande des comptes peuvent parfois renforcer chez ce dernier le fantasme que la guérison vient de ce que l’analyste donne, ou en retournant sa propre détresse et sa honte en punition ou en domination de l’analyste. Dans de telles situations, le fantasme du patient peut faire corps avec la théorie implicite de l’analyste selon laquelle la guérison supposerait qu’il endosse la douleur du patient, et même qu’il accepte son hostilité. Ce faisant, l’analyste confirme les fantasmes du patient, intensifie sa régression maligne et condamne la cure à l’échec. Quand la régression maligne menace, et s’il veut aider le patient à se défaire de sa fixation sur la mise en demeure de s’expliquer qu’il lui adresse, s’il veut le faire avancer dans sa réflexion intérieure, l’analyste doit donc mettre entre eux des frontières plus fermes, y compris sur son ouverture personnelle. Pour ce faire, il doit résister aux rôles de sauveur, de coupable ou de victime, des rôles ancrés dans ses propres fantasmes inconscients.
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