Résumé :
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Présentation de l'éditeur : Le roman grec suscite depuis trente ans un intérêt croissant parmi les spécialistes de l’Antiquité, mais sa légitimité en tant que source historique est encore discutée. Comment en effet extraire des données historiques de fictions en prose qui, composées par des Grecs vivant dans les provinces orientales de l’Empire romain, prétendent s’affranchir de toute contrainte temporelle ou spatiale ? Il est pourtant certains domaines où le roman grec s’est imposé, notamment depuis la parution de l’Histoire de la sexualité de Michel Foucault : il s’agit principalement de la normalisation de l’hétérosexualité dans le monde grec et de l’extension de la chasteté aux deux sexes. S’y ajoute aujourd’hui un questionnement relatif à l’élaboration des catégories du masculin et du féminin : c’est cet univers culturel de la construction des identités individuelles et collectives qu’explore ce livre novateur. Mobilisant des sources peu connues, Sophie Lalanne montre que ces textes littéraires vieux de deux millénaires offrent bien plus que le récit d’une éducation sentimentale : ils mettent en place et perpétuent, par le biais d’un rite de passage savamment mis en scène, un système social fondé sur la séparation délibérée entre les sexes, sur la définition des rôles sexués et sur la construction de la domination masculine qui fonde la cité grecque. Car sans l’exclusion des femmes et sans une éducation des garçons et des filles qui valide cette exclusion, il n’existe pas de cité grecque : derrière l’histoire culturelle de la société grecque d’époque impériale, derrière l’histoire des rapports sociaux de sexe, se profile une redéfinition des frontières du politique.
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