Résumé :
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Désiré Magloire Bourneville (1840-1909), médecin aliéniste à la Salpêtrière, à Bicêtre et à la Fondation Vallée, homme de science et homme de luttes, « républicain d'avant-garde, libre penseur et anticlérical convaincu », franc-maçon, grand réformateur et théoricien d'une psychiatrie infantile naissante : c'est une figure à la fois connue et oubliée que nous restitue Jacqueline Gateaux-Mennecier, en s'attachant à la fois à faire ressortir la cohérence, scientifique et socio-politique, du projet foisonnant de ce savant et à montrer la force de changement qu'ont représenté ses idées et son action, par rapport à la médecine du XIXe siècle. A travers lui, c'est toute une époque que l'on voit revivre, avec les contradictions, les hésitations et les doutes — les « turbulences théoriques » comme le dit Jacqueline Gateaux-Mennecier — d'une science qui se cherche : l'idiotie est-elle un état, une infirmité, une maladie ? Quelles sont ses causes ? Comment en définir les degrés et les formes ? Que faire, face à l'idiot ? A travers ces débats qui marquent le XIXe siècle et le début du XXe siècle, c'est aussi la foule anonyme des enfants « idiots et dégénérés » qui nous parle. Cette foule multiforme qui va de l'enfant ou de l'adulte grabataire que Bourneville essaie de faire sortir de leur nuit, jusqu'à l'handicapé moteur, l'épileptique, le « pervers », dont quelques-uns iront à la « grande école » de Bicêtre et passeront leur certificat d'études, tous réunis dans une même exclusion.(...)Jacqueline Gateaux-Mennecier nous rend admirablement compte d'une œuvre qui, au-delà de la tonalité moralisatrice de son temps, était bien en avance sur les mœurs et les idées. Elle nous donne un livre sur le passé, mais aussi sur notre temps.
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