Résumé :
|
La thèse de l'auteur est que le citoyen démocratique qui a "exilé dieu" s'invente de nouvelles immortalités symboliques à travers des voies spirituelles hybrides et un bricolage des liaisons entre religion, société et politique. Cette résurgence néo-religieuse s'exprime dans des pensées syncrétiques qui mélangent croyance, souci de soi, idéologie du bien-être, utopie de la perfection et projet de transformation du monde. Dans ce ré-enchantement du monde, le religieux surgit à l'interface de la quête de sens individuelle des conditions quotidiennes et l'espace sociopolitique plus large/ La "pensée de l'extrême" s'accompagne souvent, sur un plan psychologique, de sentiments mixtes d'impuissance et d'invulnérabilité qui entraînent des angoisses parfois profondes. L'émergence de "cette pensée de l'extrême" se fait au confluent de trois ordres interreliés de phénomènes qui caractérisent les sociétés contemporaines :1. l'existence massive des "idéologies de la haine" qui structurent les politiques des États et qui s'infiltrent dans la pensée des personnes individuelles ; 2. La montée de l'agencement sécuritaire du nouvel ordre politique mondial qui prend la forme tantôt de l'état d'exception tantôt du camp ; 3. La réponse symétrique que les "parfaits croyants" - personnes radicalisées, fanatisées - apportent à la violence que nous déployons nous-mêmes contre eux. La genèse des nouvelles formes de psychopathologie doit être envisagée sur ce triple horizon.
|