Type de document : | Article : texte imprimé |
Titre : | La maladie d’Alzheimer, d’une création nosographique à une logique de prévention (2018) |
Auteurs : | / Sarah PRINGAULT |
Dans : | Évolution Psychiatrique (vol. 83, n° 2, 2018) |
Article en page(s) : | pp. 313-331 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Démence |
Résumé : |
Objectifs
Il s’agit de reprendre la question du diagnostic « démence type Alzheimer », et de mettre en lumière les limites de cette catégorisation nosographique, voire son inconsistance. L’objectif est de dévoiler le paradoxe existant de fait avec les recommandations des autorités de santé, notamment les mesures préventives et thérapeutiques, de type stimulation ou rééducation, qui y sont associées. Notre visée est de montrer la place que cela laisse à une clinique du sujet. Méthode Une revue de littérature d’une diversité scientifique – rassemblant les domaines de la sociologie, la psychiatrie, la neuropsychologie, ou les sciences politiques – nous sert à préciser ce que recouvre le concept « maladie d’Alzheimer », tant en ce qui concerne son historique, sa définition médicale, que sa transformation sociale. Résultats Nous relevons que cette dite maladie repose à l’origine non sur une véritable découverte scientifique mais sur une invention nosographique. Une observation de cas paraissant plutôt curieux, dont la spécificité pathologique était mise en doute, voire déniée par Aloïs Alzheimer lui-même, est devenue un siècle plus tard une maladie extrêmement fréquente, aussi perçue comme « la maladie du siècle ». Les incessants changements de définitions au fil des années et des nosographies – dont la distinction avec la démence dite « sénile » a été l’objet de questionnements – ainsi que les critiques de plus en plus nombreuses portant sur les hypothèses au sujet de l’étiologie neurobiologique, soutiennent le constat d’une création nosographique. Les recherches postulant que ce diagnostic est le résultat d’une construction sociale sous-tendue par des logiques économiques et politiques (celles qui désignent Alzheimer comme un « fléau à combattre »), ainsi que par le modèle biomédical de nos sociétés occidentales, vont également en ce sens. C’est par ailleurs dans ce contexte, et seulement depuis la dernière décennie, que l’on voit apparaître une distinction entre différents stades de cette dite maladie, dont le « stade préclinique », asymptomatique, qui étaye la visée de prévention et de dépistage des autorités de santé. Discussion Si la notion de « maladie d’Alzheimer », en tant qu’entité homogène causée par des facteurs moléculaires, commence à être remise en question, cela ouvre la possibilité d’étudier les états hétérogènes se manifestant dans le cadre large du vieillissement cérébral et cognitif. Cela implique également, par conséquent, de réinterroger la différence entre un vieillissement « normal » et « pathologique ». Conclusions « La maladie d’Alzheimer est un mythe ». Voilà ce que laissent transparaître diverses études. Le problème est que ce diagnostic tend à effacer les sujets dans leur singularité. Or, pour l’accompagnement des personnes âgées dans notre société, il s’agit d’un enjeu éthique et déontologique de prendre la mesure de l’incohérence de ces mesures préventives et thérapeutiques, et de pouvoir laisser une place à une clinique du sujet. |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
---|---|---|---|---|---|
20019362 | K04-4 | Revue | BSF Paris | ψ Réserve : Périodiques | Consultation sur place |