Type de document : | Article : texte imprimé |
Titre : | Crime et psychiatrie. Antoine Léger, le lycanthrope : une étape dans la généalogie des perversions sexuelles (1824-1903) (2017) |
Auteurs : | / Laurence GUIGNARD |
Dans : | Évolution Psychiatrique (vol. 82, n° 3, 2017) |
Article en page(s) : | pp. 579-591 |
Langues: | Français |
Mots-clés : | Histoire de la psychiatrie ; Perversion ; Anthropophagie |
Résumé : |
Objectifs
Cet article présente mes travaux de recherche qui se consacrent depuis une vingtaine d’années aux rapports qu’entretiennent la psychiatrie et la justice au XIXe siècle, ainsi que leur dernier avatar : le cas Antoine Léger, assassin, violeur et anthropophage, jugé en 1824. L’analyse de ce crime, exceptionnel par sa monstruosité mais aussi par la pérennité du cas dont les échos se prolongent jusqu’au début du XXe siècle, permet de tracer le cheminement de l’affaire puis du cas médical, alors qu’on scrute avec une acuité croissante les ressorts intérieurs des actions humaines. Méthode Cette étude de cas est menée dans l’esprit de la démarche micro-historique, à partir d’un large corpus de sources : le dossier judiciaire, l’ensemble des ouvrages médicaux qui ont utilisé ce cas clinique ainsi que des sources de presse générale. Résultats La série des textes qui ont mobilisé le cas Léger montrent combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond dans l’histoire de la psychiatrie. Le cas Léger y fait l’objet d’une série de diagnostics, dans un premier temps autour de la question de la responsabilité pénale — Étienne Georget et Étienne Esquirol, contemporains de l’affaire, défendent ainsi l’idée d’un acte fou (monomanie) en dépit de la condamnation de Léger. À partir du milieu du siècle, la question s’infléchit et c’est davantage la nature de l’acte qui retient l’attention des médecins, en une psychopathologie de la cruauté qui mène à l’hypothèse des perversions sexuelles de Krafft-Ebing. Au cours de cette élaboration, la figure du loup-garou, sous-jacente en 1824 et formalisée dans la seconde moitié du siècle, ainsi que sa forme savante, la lycanthropie, paraissent jouer le rôle d’intermédiaires conceptuels capables de fournir la piste d’une interprétation globale du crime. Discussion Cette étude a permis de reconsidérer une affaire déjà travaillée par l’équipe qui travaillait aux côtés de Michel Foucault dans les années 1970 sur un vaste chantier d’histoire de la justice et de la psychiatrie, et de la soumettre à des méthodes neuves du travail par cas tel que Jacques Revel et Jean-Claude Passeron l’ont définie dans le collectif Penser par cas (Paris 2005) : cas porteur de questionnements « susceptibles de redéfinir avec lui une autre formulation de la normalité et de ses exceptions ». Elle a également tiré profit de l’apport fondamental de l’anthropologie, notamment du travail de Daniel Fabre, pour tenter de mettre à distance les discours dominants et d’appréhender, suivant leurs propres sens, les gestes accomplis. Conclusion Antoine Léger, le loup-garou, apporte ainsi sa contribution silencieuse à la réflexion sur les actes pervers et permet de relier deux étapes dans les lectures des gestes cruels : la cruauté/immoralité et la cruauté/perversion sexuelle. |
Exemplaires (1)
Code-barres | Cote | Support | Localisation | Section | Disponibilité |
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20018523 | K04-4 | Revue | BSF Paris | ψ Réserve : Périodiques | Consultation sur place |