Résumé :
|
Présentation de l'éditeur :
Quel funeste dessein la civilisation occidentale contemporaine nourrit-elle depuis que le nom de Shoah y est devenu aussi sacré que celui d’Israël est maudit ; depuis qu’on célèbre la première dans le même temps et avec le même (re)sentiment que l’on s’emploie à détester et destituer Israël et son Nom (lui ôter son lieu-d’être) – sans y trouver le moindre paradoxe ?
Ce volume analyse cette étrange concomitance entre commémoration de la Shoah et délégitimation de l’État d’Israël comme un symptôme de la modernité européenne. Les Protocoles des Sages de Sion indiquent au fond ce qui est transféré sur les Juifs, tout le mal qu’on a avec le réel : ce peuple symboliserait-il ce qui résiste à l’universel mimétique et à la toute-jouissance narcissique, avec sa façon bien à lui de maintenir ouverte la question de la transmission et de se donner comme destin de se battre avec le destin ? Une Europe en crise d’identité et de limites chercherait-elle à transférer sa culpabilité, à se fabriquer une innocence et l’assurance de son propre salut en (se) projetant indéfiniment le spectacle de la « faute » et de la déshumanité d’Israël ?
« La repentance, écrit Pascal Bruckner, donne des gens qui s’excusent des crimes passés pour se défausser des crimes présents ». La fétichisation d’Auschwitz, les déviances du devoir de mémoire, participent à une déchristianisation et à une dépolitisation, permettant inversions imaginaires et substitutions symboliques. Ainsi l’Europe ne penserait-elle la « destruction des Juifs » que sous le sceau du pêché originel et du sacrifice de l’Holocauste ; le Juif, assigné aux « Frontières d’Auschwitz » qui s’arrache à son statut de victime expiatoire étant diabolisé et nazifié ? Et n’intègre-t-elle l’existant-Israël que dans les termes humanitaires d’État-refuge et sous conditions ? Tout ce que l’État d’Israël entreprendra en tant que Nation souveraine assumant la défense de ses citoyens sera condamné comme « disproportionné » : le peuple Juif en fait trop, est trop… Son Nom est de trop !
Qu’en est-il dans les imaginaires collectifs chrétien et musulman de cette hallucinante et prégnante obsession de la fi gure du Juif – point de fascination autant que point aveugle – qui participe de cette paranoïa de masse caractérisant l’antijudaïsme ? Léo Pinsker écrivait en 1882 : « Les Juifs sont le peuple élu par la haine universelle ». La doxa médiatico-diplomatique désigne Israël l’essentiel responsable des manques à-être, et des troubles dans le monde, voire même de la terreur islamique. L’antisémitisme continue de nous surprendre par sa capacité d’adaptation au discours contemporain, ainsi que par les alliances qu’il suscite ; en témoignent les récentes manifestations pogromiques à Paris, Londres, Bruxelles…
|